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— Lizzy, je ne vous en veux pas d’avoir eu raison contre moi. L’avis que vous m’avez donné au mois de mai, et qui se trouve justifié par les événements, dénote un esprit clairvoyant.

Ils furent interrompus par Jane qui venait chercher le thé de sa mère.

— Quelle aimable mise en scène, et que cela donne d’élégance au malheur ! s’écria Mr. Bennet. J’ai bonne envie, moi aussi, de m’enfermer dans ma bibliothèque en bonnet de nuit et en robe de chambre, et de donner tout l’embarras possible à mon entourage. Mais peut-être puis-je attendre pour cela que Kitty se fasse enlever à son tour.

— Mais je n’ai pas l’intention de me faire enlever, papa ! répliqua Kitty d’un ton vexé. Et si jamais je vais à Brighton, je m’y conduirai beaucoup mieux que Lydia.

— Vous, aller à Brighton ! mais je ne voudrais pas vous voir aller même à Eastbourn pour un empire ! Non, Kitty. J’ai appris enfin la prudence, et vous en sentirez les effets. Aucun officier désormais ne sera admis à franchir le seuil de ma maison, ni même à passer par le village. Les bals seront absolument interdits, à moins que vous n’y dansiez qu’avec vos sœurs et vous ne sortirez des limites du parc que lorsque vous aurez prouvé que vous pouvez consacrer dix minutes par jour à une occupation raisonnable.

Kitty, qui prenait toutes ces menaces à la lettre, fondit en larmes.

— Allons, allons ! ne pleurez pas, lui dit son père. Si vous êtes sage, d’ici une dizaine d’années je vous promets de vous mener à une revue.




XLIX


Deux jours après le retour de Mr. Bennet, Jane et Elizabeth se promenaient ensemble dans le bosquet derrière la maison, lorsqu’elles virent venir la femme