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— Et notre mère, comment va-t-elle ? Comment allez-vous tous ?

— Elle ne va pas mal, je crois, bien que très secouée, mais ne quitte pas sa chambre. Elle sera satisfaite de vous voir tous les trois. Mary et Kitty, Dieu merci, vont bien.

— Mais vous ? s’écria Elizabeth. Je vous trouve très pâle. Vous avez dû passer des heures bien cruelles !

Jane assura qu’elle allait parfaitement et leur conversation fut coupée par l’arrivée de Mr. et Mrs. Gardiner que leurs enfants avaient retenus jusque-là. Jane courut à eux et les remercia en souriant à travers ses larmes.

Mrs. Bennet les reçut comme ils pouvaient s’y attendre, pleurant, gémissant, accablant d’invectives l’infâme conduite de Wickham, plaignant ses propres souffrances et accusant l’injustice du sort, blâmant tout le monde, excepté la personne dont l’indulgence malavisée était surtout responsable de l’erreur de sa fille.

— Si j’avais pu aller avec toute ma famille à Brighton comme je le désirais, cela ne serait pas arrivé. Mais Lydia, la pauvre enfant, n’avait personne pour veiller sur elle. Comment se peut-il que les Forster ne l’aient pas mieux gardée ? Il y a eu certainement de leur part une négligence coupable, car Lydia n’était pas fille à agir ainsi, si elle avait été suffisamment surveillée. J’ai toujours pensé qu’on n’aurait pas dû la leur confier. Mais, comme c’est la règle, on ne m’a pas écoutée ! Pauvre chère enfant ! Et maintenant, voilà Mr. Bennet parti. Il va sûrement se battre en duel avec Wickham, s’il le retrouve, et il se fera tuer… Et alors, qu’adviendra-t-il de nous toutes ? À peine aura-t-il rendu le dernier soupir que les Collins nous mettront hors d’ici et si vous n’avez pas pitié de nous, mon frère, je ne sais vraiment pas ce que nous deviendrons.

Tous protestèrent en chœur contre ces sombres suppositions, et Mr. Gardiner, après avoir assuré sa