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diner, brûlant de connaître la source de toutes ces révélations.

— Oui, certes, répliqua Elizabeth en rougissant. Je vous ai parlé l’autre jour de l’infamie de sa conduite envers Mr. Darcy ; vous-même, pendant votre séjour à Longbourn, avez pu entendre de quelle manière il parlait de l’homme qui a montré à son égard tant de patience et de générosité. Il y a d’autres circonstances que je ne suis pas libre de raconter : ses mensonges sur la famille de Pemberley ne comptent plus. Par ce qu’il m’avait dit de miss Darcy, je m’attendais à trouver une jeune fille fière, distante et désagréable. Il savait pourtant qu’elle était aussi aimable et aussi simple que nous l’avons trouvée.

— Mais Lydia ne sait-elle rien de tout cela ? Peut-elle ignorer ce dont vous et Jane paraissez si bien informées ?

— Hélas ! C’est bien là le pire ! Jusqu’à mon séjour dans le Kent pendant lequel j’ai beaucoup vu M. Darcy et son cousin, le colonel Fitzwilliam, j’ignorais moi-même la vérité. Quand je suis revenue à la maison, le régiment allait bientôt quitter Meryton ; ni Jane, ni moi n’avons jugé nécessaire de dévoiler ce que nous savions. Quand il fut décidé que Lydia irait avec les Forster à Brighton, la nécessité de lui ouvrir les yeux sur le véritable caractère de Wickham ne m’est pas venue à l’esprit. Vous devinez combien j’étais loin de penser que mon silence pût causer une telle catastrophe !

— Ainsi, au moment du départ pour Brighton, vous n’aviez aucune raison de les croire épris l’un de l’autre ?

— Aucune, ni d’un côté, ni de l’autre, je ne puis me rappeler le moindre indice d’affection. Pourtant, si quelque chose de ce genre avait été visible, vous pensez que dans une famille comme la nôtre, on n’aurait pas manqué de s’en apercevoir. Lors de l’arrivée de Wickham à Meryton, Lydia était certes pleine d’admiration pour lui, mais elle n’était pas la seule, puisqu’il