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été surprises d’apprendre qu’elle était considérée là-bas comme une beauté. Je vous entends encore nous dire, un jour où elle était venue à Netherfield : « Jolie, miss Elizabeth Bennet ? Autant dire que sa mère est une femme d’esprit ! » Cependant, elle a paru faire ensuite quelque progrès dans votre estime, et il fut même un temps, je crois, où vous la trouviez assez bien.

— En effet, répliqua Darcy incapable de se contenir plus longtemps. Mais c’était au commencement, car voilà bien des mois que je la considère comme une des plus jolies femmes de ma connaissance.

Là-dessus il sortit, laissant miss Bingley savourer la satisfaction de lui avoir fait dire ce qu’elle désirait le moins entendre.

Mrs. Gardiner et Elizabeth, pendant leur retour, parlèrent de tout ce qui s’était passé pendant la visite, excepté de ce qui les intéressait davantage l’une et l’autre. Elles échangèrent leurs impressions sur tout le monde, sauf sur celui qui les occupait le plus. Elles parlèrent de sa sœur, de ses amis, de sa maison, de ses fruits, de tout, excepté de lui-même. Cependant Elizabeth brûlait de savoir ce que sa tante pensait de Mr. Darcy, et Mrs. Gardiner aurait été infiniment reconnaissante à sa nièce si elle avait entamé ce sujet la première.




XLVI


Elizabeth avait été fort désappointée en arrivant à Lambton de ne pas y trouver une lettre de Jane, et chaque courrier avait renouvelé cette déception. Le matin du troisième jour cependant, l’arrivée de deux lettres à la fois mit fin à son attente ; l’une des deux lettres, dont l’adresse était fort mal écrite, avait pris une mauvaise direction, ce qui expliquait le retard.

Son oncle et sa tante, qui s’apprêtaient à l’emmener