Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

curiosité en quels termes elles allaient renouer connaissance.

À leur arrivée, on leur fit traverser le hall pour gagner le salon. Cette pièce, exposée au nord, était d’une fraîcheur délicieuse ; par les fenêtres ouvertes on voyait les hautes collines boisées qui s’élevaient derrière le château et, plus près, des chênes et des châtaigniers magnifiques se dressant çà et là sur une pelouse. Les visiteuses y furent reçues par miss Darcy qui s’y trouvait en compagnie de Mrs. Hurst, de miss Bingley, et de la personne qui lui servait de chaperon à Londres. L’accueil de Georgiana fut plein de politesse, mais empreint de cette gêne causée par la timidité qui pouvait donner à ses inférieurs une impression de hautaine réserve. Mrs. Gardiner et sa nièce, cependant, lui rendirent justice tout en compatissant à son embarras.

Mrs. Hurst et miss Bingley les honorèrent simplement d’une révérence et, lorsqu’elles se furent assises, il y eut un silence, — embarrassant comme tous les silences, — qui dura quelques instants. Ce fut Mrs. Annesley, personne d’aspect sympathique et distingué, qui le rompit et ses efforts pour trouver quelque chose d’intéressant à dire montrèrent la supériorité de son éducation sur celle de ses compagnes. La conversation parvint à s’établir entre elle et Mrs. Gardiner avec un peu d’aide du côté d’Elizabeth. Miss Darcy paraissait désireuse d’y prendre part et risquait de temps à autre une courte phrase quand elle avait le moins de chances d’être entendue.

Elizabeth s’aperçut bientôt qu’elle était étroitement observée par miss Bingley et qu’elle ne pouvait dire un mot à miss Darcy sans attirer immédiatement son attention. Cette surveillance ne l’aurait pas empêchée d’essayer de causer avec Georgiana sans la distance incommode qui les séparait l’une de l’autre. Mais Elizabeth ne regrettait pas d’être dispensée de parler beaucoup ; ses pensées suffisaient à l’occuper. À tout