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plusieurs années et où ils pensaient s’arrêter quelques jours, l’attirait autant que les beautés fameuses de Matlock, Chatsworth et Dovedale.

Elizabeth éprouva un vif désappointement : c’était son rêve de visiter la région des Lacs, mais, disposée par nature à s’accommoder de toutes les circonstances, elle ne fut pas longue à se consoler.

Le Derbyshire lui rappelait bien des choses. Il lui était impossible de voir ce nom sans penser à Pemberley et à son propriétaire. « Tout de même, pensa-t-elle, je puis bien pénétrer dans le comté qu’il habite, et y dérober quelques cristaux de spath sans qu’il m’aperçoive. » Les quatre semaines d’attente finirent par s’écouler, et Mr. et Mrs. Gardiner arrivèrent à Longbourn avec leurs quatre enfants. Ceux-ci, — deux petites filles de six et huit ans et deux garçons plus jeunes, — devaient être confiés aux soins de leur cousine Jane qui jouissait auprès d’eux d’un grand prestige et que son bon sens et sa douceur adaptaient exactement à la tâche de veiller sur eux, de les instruire, de les distraire et de les gâter.

Les Gardiner ne restèrent qu’une nuit à Longbourn ; dès le lendemain matin, ils repartaient avec Elizabeth en quête d’impressions et de distractions nouvelles.

Il y avait au moins un plaisir dont ils se sentaient assurés : celui de vivre ensemble dans une entente parfaite. Tous trois étaient également capables de supporter gaiement les ennuis inévitables du voyage, d’en augmenter les agréments par leur belle humeur, et de se distraire mutuellement en cas de désappointement.

Ce n’est point notre intention de donner ici une description du Derbyshire ni des endroits renommés que traversait la route : Oxford, Warwick, Kenilworth. Le lieu qui nous intéresse se limite à une petite portion du Derbyshire. Après avoir vu les principales beautés de la région, nos voyageurs se dirigèrent vers la petite ville de Lambton, ancienne résidence de Mrs. Gar-