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Harriet était malade et Pen a dû venir seule. Alors, devinez ce que nous avons fait ? Pour avoir une danseuse de plus, nous avons habillé Chamberlayne en femme. Vous pensez si c’était drôle ! Personne n’était au courant, sauf les Forster, Kitty et moi, et aussi ma tante, à qui nous avions dû emprunter une robe. Vous ne pouvez vous figurer comme Chamberlayne était réussi ! Quand Denny, Wickham, Pratt et deux ou trois autres sont entrés, ils ne l’ont pas reconnu. Dieu ! ce que j’ai ri, et Mrs. Forster aussi ! J’ai cru que j’en mourrais ! C’est ce qui a donné l’éveil aux autres et ils ont eu vite fait d’éventer la plaisanterie.

Avec des histoires de ce genre, Lydia, secondée à l’occasion par Kitty, s’efforça tout le long de la route de distraire ses compagnes. Elizabeth écoutait le moins possible, mais force lui était d’entendre le nom de Wickham qui revenait fréquemment.

La réception qu’on leur fit à Longbourn fut très chaude. Mrs. Bennet se réjouissait de voir que Jane n’avait rien perdu de sa beauté, et, pendant le repas, Mr. Bennet redit plusieurs fois à Elizabeth :

— Je suis heureux de vous voir de retour, Lizzy.

La salle à manger était pleine, presque tous les Lucas étant venus chercher Maria, et les sujets de conversation étaient nombreux et variés. Lady Lucas demandait à sa fille à travers la table des nouvelles de l’installation de Charlotte et de son poulailler. Mrs. Bennet était occupée d’un côté à se faire donner par Jane des renseignements sur la mode actuelle et de l’autre à les transmettre aux plus jeunes misses Lucas, et Lydia, d’une voix sonore qui couvrait toutes les autres, énumérait à qui voulait l’entendre les distractions de leur matinée.

— Oh ! Mary, vous auriez dû venir avec nous. Nous avons tant ri ! Au départ, nous avions baissé les stores pour faire croire que la voiture était vide et nous les aurions gardés ainsi jusqu’au bout si Kitty n’avait pas eu mal au cœur. Au « George », nous avons vraiment