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tait cependant que l’attachement de M. Knightley n’existait réellement que dans la tête d’Henriette ; et supposé qu’il en fût autrement, à qui le devait-elle ? À elle-même, à sa propre folie.

M. Knightley et mademoiselle Henriette Smith ! Une pareille union rapprochait toutes les distances, confondait tous les rangs. Le mariage de Frank Churchill avec mademoiselle Fairfaix, n’était rien en comparaison, et ne pouvait, comme celui-ci, exciter la moindre surprise ; ne présentant aucune disparité, c’était un mariage ordinaire, qui ne devait occuper la tête ni la langue de personne. M. Knightley et Henriette Smith ! Une telle élévation pour elle ! une telle dégradation pour lui ! Emma frémissait de penser combien il allait perdre dans l’opinion publique ; elle prévoyait les souris moqueurs, les sarcasmes qui allaient pleu-