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tendre parler une jeune demoiselle comme vous le faites.

« Je n’ai aucune des raisons qu’ont les autres demoiselles de se marier. Oh ! si j’aimais tout de bon, ce serait une autre affaire : mais je n’ai jamais aimé ; mon tempérament s’y oppose ; et je ne crois pas qu’il m’arrive jamais d’aimer, et, sans amour, je serais bien folle de changer de situation. J’ai de la fortune, un rang distingué, et je ne manque pas d’occupation. Je crois que peu de femmes mariées ont la moitié autant d’autorité dans la maison de leurs maris, que j’en ai à Hartfield ; et je ne pourrais jamais m’attendre d’être aussi véritablement aimée, d’une aussi grande importance, aux yeux de tout autre homme qu’à ceux de mon père. Qui, comme lui, me croirait la plus parfaite des femmes, et la seule qui ait toujours raison ? »