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quand on en parlait, il gardait un silence respectueux ; mais elle avait quelquefois remarqué un sourire de dédain qui ne lui plaisait pas.

M. Elliot était, sans contredit, raisonnable, discret, poli… ; mais il n’était pas ouvert ; il n’avait jamais d’élan involontaire d’enthousiasme, aucune flamme d’indignation ni de délice au récit du mal ou du bien : cela seul, aux yeux d’Alice, était une imperfection décidée. Elle prisait la franchise, cette ouverture de cœur, cette chaleur d’un premier mouvement, au-dessus de tout ; un caractère caché et constamment sur ses gardes n’avait aucun attrait pour elle : le feu et la vivacité de Wentworth étaient ce qui l’avait le plus captivée, et ce qu’elle aimait encore autant que dans sa jeunesse. Elle sentait qu’elle aurait plus de confiance dans la sincérité de quelqu’un qui parle souvent sans réfléchir, et à qui il échappe ce qu’il vaudrait mieux ne pas dire, que dans ceux dont la présence d’esprit n’est jamais en défaut, dont les discours sont toujours calculés. M. Elliot était aussi trop généralement aimable ; il plaisait également aux gens les plus opposés de caractère ; il était trop coulant et facile avec chacun. Il avait parlé à sa cousine