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Dalrymple et sa maussade fille. Le lendemain à déjeûner, Elisabeth ne cessa de vanter la délicieuse soirée qu’on avait passée chez sa cousine, la charmante vicomtesse et l’aimable miss Carteret : Alice avait été la seule absente de la famille. Milady avait eu l’attention de charger Elisabeth d’inviter en son nom lady Russel et M. Elliot : ce dernier avait rompu son engagement chez le colonel Wallis pour y venir ; lady Russel s’était aussi dégagée de ses invitations du soir, et tout le monde avait été dans l’enchantement de faire partie d’une si belle réunion.

Quelques heures après, Alice eut de lady Russel une relation un peu différente de cette soirée de famille : la vicomtesse, se disant malade, s’était donné des airs langoureux, et n’avait pas ouvert la bouche ; sa fille avait bâillé dans un coin, Elisabeth n’avait cessé de porter tour à tour ses regards sur sa chère cousine, et sur son cousin, qui causait d’Alice avec lady Russel ; ce sujet d’entretien avait fort intéressé la bonne dame. Sa jeune amie avait été regrettée, et louée par le motif de son absence. La bonté et la compassion d’Alice pour une amie pauvre et souffrante enchantèrent M. Elliot au plus haut degré ; il jugeait sa cousine comme la