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horriblement au milieu d’étrangers, sans aucun secours, et ne pouvant faire seule aucun mouvement ; il devint absolument nécessaire d’avoir une garde-malade auprès de moi, et mes finances étaient réduites au point de ne pouvoir me permettre aucune dépense extraordinaire ; mais Dieu n’est-il pas toujours l’ami du malheureux ? Ne sait-il pas, quand il le veut, changer en bien ce que nous envisageons comme des maux ? Par un effet de sa grâce, j’étais tombée en de bonnes mains. Ma maladie excita la compassion de mon hôtesse, qui, sans cette circonstance, n’eût peut-être pas fait plus d’attention à moi qu’à ses autres locataires ; n’ayant pas le temps de me soigner elle-même, elle m’amena sa sœur, garde-malade de profession, toujours employée dans les meilleures maisons, et qui, par le plus heureux hasard, se trouva libre à ce moment. Non-seulement elle me soignait admirablement, mais elle devint pour moi une connaissance à-la-fois utile et agréable. Dès que je pus faire usage de mes mains, elle m’apprit à découper, ce qui fut pour moi une distraction, et me mit à même de faire ces pelotes, ces petits étuis pour les cartes, ces petits coffrets de toilette que vous voyez. Je suis devenue assez habile : cette oc-