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tion et courage. La soumission peut produire la patience, la force d’âme peut surmonter le mal ; mais ici il y avait quelque chose de plus : la résignation ne lui coûtait aucun effort. Madame Smith avait cette élasticité dans l’esprit qui se prête à toutes les circonstances et sait en tirer parti ; cette disposition à voir tout du bon côté ; ce pouvoir de changer le mal en bien et de se créer des occupations qui lui faisaient oublier ses maux ; cette gaîté naturelle qui tient au caractère et ne s’altère jamais complètement, et qui est un précieux don du Ciel. Alice vit son amie comme un des exemples de la miséricorde divine, contrebalançant ainsi les cruelles épreuves auxquelles elle était appelée.

« Je me trouve heureuse à présent ; chère Alice ; disait-elle, en comparaison de ce que j’ai éprouvé ; il y a eu des momens où mon courage a été près de m’abandonner ; à peine puis-je parler de mes maux, quand je pense à l’état où j’étais en arrivant à Bath. Je vous aurais vraiment fait pitié ! Outre mon infirmité, j’avais pris froid en voyageant ; une forte fièvre, accompagnée d’une toux continuelle, me confina dans mon lit dès que j’eus pris possession de mon logement. Je souffrais