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« Elle aura souvent la mienne, s’écria miss Elliot, si elle y attache encore quelque prix ! » Leur ancienne maîtresse l’assura que ce serait une grande satisfaction pour la pauvre invalide.

Alice ne renvoya sa visite qu’au lendemain ; elle n’en parla point chez elle, où elle était bien sûre de n’exciter aucun intérêt, et se contenta de le dire à lady Russel, qui entra dans ses sentimens, l’approuva beaucoup, et la conduisit en voiture dans le quartier où logeait madame Smith : elle descendit au bout de la rue, préférant entrer chez son ancienne amie avec moins de fracas, pour ne pas lui faire faire une pénible comparaison. Cette entrevue fut touchante ; leur amitié se renouvela, et l’intérêt qu’elles prirent l’une à l’autre devint aussi vif qu’autrefois, passé les dix premières minutes qui furent données à la surprise et à l’émotion. Douze années s’étaient écoulées depuis leur séparation, et sans doute elles, ne se seraient pas reconnues si elles s’étaient rencontrées par hasard ; chacune d’elles présentait une personne toute différente de ce que l’autre aurait imaginé. La triste et silencieuse petite Alice était devenue une femme élégante, gracieuse ; n’ayant plus à vingt-sept ans la fraîcheur de seize, mais, en revanche, des grâces, de l’amabilité,