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avec une vie douce et tranquille. Elle était sûre qu’il n’avait pas été heureux dans son mariage. Le colonel Wallis le faisait pressentir, et lady Russel l’avait deviné ; mais il n’avait pas été assez malheureux pour l’aigrir contre l’hymen, et l’empêcher de former un second choix, en étudiant mieux le caractère de sa future compagne. Enfin, lady Russel était entièrement sous le charme, et se faisait de M. Elliot l’idéal d’un être parfait, que, dans le fond de son cœur, elle unissait à sa chère Alice, comme à la seule femme qui pût mériter ce bonheur. Le plaisir de rencontrer M. Elliot chez sir Walter la dédommageait du chagrin d’y trouver madame Clay.

Alice avait appris, depuis quelques années, qu’elle et son excellente amie pouvaient penser et voir différemment ; elle ne fut donc pas surprise que lady Russel ne vît rien que de très-naturel dans la réconciliation des deux cousins, recherchée si vivement par M. Elliot, qui paraissait l’avoir dédaignée pendant plusieurs années ; elle trouvait tout simple que, dans l’âge mûr, M. Elliot eût envisagé les choses sous un autre point de vue, et senti quel honneur il se ferait dans le monde en étant bien avec le chef de sa famille. Alice