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parer à Wentworth ; ce n’était pas le même genre, mais ils étaient tous deux également bien.

La conversation s’anima, et il sut la rendre intéressante ; son ton, ses expressions, le choix des sujets d’entretien, ses opinions, tout annonçait un esprit pénétrant et sensible. Il parla de Lyme et de sa situation pittoresque, en observateur des beautés de la nature ; il fit la description des sites qu’il avait remarqués ; il interrogeait Alice, et s’informait avec intérêt du but de sa course, de celui des personnes avec qui elle avait fait cette partie ; il témoigna vivement encore ses regrets d’avoir ignoré le nom de ses voisins. Il avait passé la soirée seul dans la chambre voisine de celle où ils étaient rassemblés, et d’où il entendit leurs voix, leurs joyeux éclats de rire ; il envia leur bonheur, il eût voulu oser les joindre ; mais il était loin de se douter qu’il eût le droit de se présenter à eux. « Cela me corrigera, dit-il, d’un absurde système, suite d’une extrême timidité que j’avais dans ma jeunesse, et qui m’a déjà joué de bien mauvais tours ; j’ai toujours été retenu par la crainte d’être indiscret ou importun. Les idées d’un jeune homme de vingt ans sont quelquefois bien ridicules, et peuvent lui coûter le bonheur de sa vie. »