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était attaché de nouveau. Elisabeth était très-belle encore ; elle avait peu d’esprit, mais s’énonçait avec facilité, parlait bien, et ne disait jamais que ce qu’il fallait dire. Cependant il était à craindre que M. Elliot, ayant acquis de la pénétration et l’usage du monde, ne démêlât bientôt le peu de fond de cette belle surface, le manque total d’idées, et le caractère égoïste et glacé de sa cousine. Alice désira qu’il fût assez amoureux pour n’être pas si clairvoyant : sa sœur paraissait très-disposée à le croire, et madame Clay fortifiait cette idée. Alice en jugea par quelques regards qu’elles se lancèrent quand il fut question de lui, et par l’affectation de madame Clay à répéter que M. Elliot n’était heureux qu’à Camben-Place. Alice dit qu’elle croyait l’avoir rencontré à Lyme ; on n’y fit pas grande attention : Oui, peut-être était-ce lui ; on n’écouta pas le portrait qu’Alice fit de ce cousin. Sir Walter, qui s’y connaissait, le fit à son tour, et il lui rendit justice, en disant qu’il avait tout l’air d’un gentilhomme, qu’il était mis avec élégance et suivant la mode, que sa figure était agréable, ses yeux expressifs ; son sourire fin : « C’est grand dommage, ajouta-t-il, qu’il ne se tienne pas assez droit ; c’est un défaut qui s’accroît avec les