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lait que madame Elliot fût prodigieusement belle pour l’avoir emporté sur… sur d’autres… dans le cœur de son cousin Elliot : « Vous pourrez bientôt, dit-elle à sa sœur, juger vous-même de ses mérites ; il vient ici à peu près tous les jours ; il a même dîné deux fois avec nous en famille, sir Walter ne donnant plus de repas d’apparat ; ce qui est vraiment un grand sacrifice ! Mais M. Elliot a paru enchanté d’être traité comme un ami et un parent ; il met son bonheur à être reçu dans notre maison. »

Alice écoutait et réfléchissait ; la figure et les manières de M. Elliot lui avaient plu ; mais elle ne pouvait régler son opinion sur lui, ni d’après leur rencontre à Lyme, ni sur ce que disaient sir Walter et Elisabeth ; elle savait trop bien qu’il suffisait de flatter leur vanité pour être parfait à leurs yeux : mais cette prompte réconciliation avec un homme contre lequel ils étaient si irrités lui paraissait au moins fort extraordinaire. Quel pouvait être le motif de ce parent éloigné, pour témoigner, après tant d’années de négligence et de froideur, un si vif désir de rapprochement ? Du côté de l’intérêt pécuniaire, il n’avait rien à gagner d’être bien avec sir Walter, et rien à