Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parens, et de s’excuser, avec la plus noble franchise de sa conduite passée, en montrant le plus grand désir d’être reçu comme un parent et un ami, ce qu’on n’avait pu lui refuser. Elisabeth ne tarissait pas en éloges ; il n’avait aucun défaut, aucun tort ; sa négligence apparente avait été causée par trop de modestie, trop de délicatesse ; il n’avait pu croire que la société d’un jeune légiste pût être agréable à des parens accoutumés à la société la plus brillante ; jamais il n’avait eu l’idée de la rejeter, mais il avait redouté d’être rejeté lui-même. Sir Walter lui imposait, et depuis son mariage, sentant qu’il avait dû lui déplaire, sa délicatesse l’avait empêché de se présenter chez lui. Sur le reproche d’avoir parlé avec irrévérence des Elliot et de leur noblesse, il avait paru indigné, lui qui s’était toujours vanté d’être de cette famille ; lui, dont les opinions, contraires à celles du siècle et à la démocratie, étaient si prononcées ! Il devait, certes, se croire à l’abri d’une telle imputation : mais son caractère et sa conduite ont démenti cette fausseté. Pourrait-on le blâmer encore, d’après le vif empressement qu’il a mis à saisir la première occasion de se réconcilier avec le noble chef de sa famille ?