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un théâtre un parterre tumultueux, ou du brouhaha d’une assemblée. Lady Russel, malade d’avoir passé une heure dans le salon de madame Musgrove, ne se plaignit point lorsque, quelque temps après, elle traversa la longue rue de Bath, du roulement sur le pavé d’une foule d’équipages, des cris de ville, des coups de marteau qu’on donnait à chaque porte ; le vacarme de son quartier d’hiver lui paraissait charmant ; et, comme madame Musgrove, elle aurait dit volontiers qu’après un long séjour à la campagne rien ne fait plus de bien qu’un peu de mouvement et de bruit.

Alice ne partageait pas ce sentiment ; elle persistait en silence dans son dégoût pour le séjour de Bath. Ces rues humides, ces grands et sombres bâtimens, dont pas un ne renfermait un ami, pas même une connaissance, attristaient son cœur en traversant la ville, où personne ne serait bien aise de la voir arriver, où pas un sourire de bienveillance ne l’accueillerait. Il y avait cependant à Bath un être qui n’était pas sans intérêt pour elle ; la dernière lettre d’Elisabeth lui avait appris que leur cousin Elliot y était arrivé, et paraissait mettre autant de soin à les rechercher qu’il en avait mis à s’éloigner d’eux. Cette nouvelle les étonna :