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sait penser. Il se disposait à aller passer une semaine à Plymouth, et pressait le capitaine Bentick de s’y rendre avec lui.

« Mais il l’a aussi refusé, dit Charles, et je parierais que c’est pour être libre de venir ici. »

De ce moment, Alice et lady Russel pensèrent souvent à l’arrivée du capitaine Bentick, et en parlèrent quelquefois. Alice ne croyait point avoir fait sa conquête, et n’y pensait même pas ; mais ce jeune homme l’intéressait sous d’autres rapports. Malheureux aussi dans son premier amour, elle le plaignait du fond de l’âme ; elle aurait voulu, non pas le consoler, mais lui faire un peu de bien en calmant son imagination par de bonnes lectures. Lady Russel était impatiente de juger si c’était un parti digne de sa favorite. Elle n’entendait pas sonner la cloche d’entrée sans croire qu’on allait l’annoncer. Alice ne revenait pas de ses promenades solitaires dans le parc de son père ou dans le village, où elle portait quelques aumônes, sans croire qu’elle le retrouverait. Mais il ne parut pas, et après une semaine d’attente, lady Russel décida que Maria avait raison, que le capitaine Bentick était un jeune homme mal élevé et tout-à-fait