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time et de l’admiration de lady Russel. Elle fut très-fâchée de s’être trompée dans son jugement sur lui, et s’avoua à elle-même, avec un degré d’humiliation, qu’elle avait été influencée sur lui et sur Wentworth uniquement par les manières extérieures : la gaîté, la vivacité, la franchise du jeune marin, n’étaient pas dans son genre, tandis que la manière douce et flatteuse, la politesse, la raison qu’affectait M. Elliot l’avaient enchantée ; il ne lui restait rien à faire que d’avouer qu’elle avait été dans l’erreur, et de chercher à réparer le mal qu’elle avait fait à son Alice. Malgré ses petites prétentions à l’esprit, au bon ton, à la raison, lady Russel était une excellente femme, qui avait pour Alice un cœur de mère, qui s’attacha avec les mêmes sentimens à l’homme qui assurait le bonheur de sa chère enfant.

En sortant de chez lady Russel, Alice fut chez madame Smith, qui partagea vivement son bonheur ; elle lui promit un ami et un protecteur plus zélé que M. Elliot, et lui tint parole. Wentworth, ayant été aux Indes plus d’une fois, y avait des connaissances ; il les fit agir pour l’affaire de madame Smith avec tant d’activité, qu’il vint à bout de la remettre en possession des propriétés qu’elle avait dans ce