Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

joignait des attentions qui enchantèrent le baronnet.

Alice, décidée à prévenir son père de son engagement, en trouva l’occasion le lendemain à déjeûner. Sir Walter fit un éloge si complet du capitaine Wentworth, qu’Alice même n’aurait rien pu y ajouter. « Quelle noblesse dans cette figure ! disait-il avec extase, quel beau port ! quel air martial et doux en même temps ! de la grâce, de l’usage du monde, poli, parlant bien ; je n’ai pas vu de figure d’homme, excepté un ou deux, qu’on pût lui comparer ; il me raccommode avec les marins, et si j’avais pu prévoir ce que celui-là deviendrait un jour… » Il se tut, et jeta un regard sur Alice, qui prit tout-à-coup son parti. « Il en est temps encore, dit-elle en souriant, et si le capitaine Wentworth vous plaît…, j’avoue…, j’avoue que….

— Eh bien ! quoi ? Qu’avouez-vous ?

— Qu’il me plaît aussi beaucoup, dit-elle en baissant la voix, et plus encore par sa constance que par sa figure ; il m’a conservé l’attachement que vous n’approuvâtes pas il y a quelques années : peut-il espérer maintenant votre aveu ? Je ne vous cache pas qu’il a le mien et que je me suis engagée.