Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Savais-je, d’ailleurs, si vous n’aimiez pas votre cousin ?

— J’aurais cru, dit Alice, que ma manière d’être avec vous, quand je vous rencontrai, vous avait prouvé le contraire.

— Je l’avais mal interprétée. Mais enfin, le ciel a envoyé nos amis Harville et Musgrove à mon secours ; ils m’ont fourni l’occasion de vous revoir sans M. Elliot, et je dois convenir que ces derniers jours vos regards, vos paroles, un je ne sais quoi qu’on ne peut définir, avaient un peu relevé mes espérances ; mais votre entretien de ce matin avec Harville a dissipé tous les nuages amoncelés entre nous, et m’a fait lire dans le cœur fidèle et généreux de mon Alice. Oh ! quand je vous entendis soutenir de la manière la plus forte et la plus touchante la constance des femmes, quelle peine j’eus à modérer mes transports ! Qu’il m’en coûtait de ne pouvoir me jeter à vos pieds, et vous jurer qu’il existait aussi un homme qui n’a aimé et n’aimera jamais qu’une fois ! Un sentiment irrésistible me fit saisir une feuille de papier, et me força de vous avouer ce que j’éprouvais. Cette lettre, écrite avec un cœur brûlant, et sans presque savoir moi-même ce que je traçais sous sa dictée, n’en a pas moins trouvé