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je me suis mis en route avec quelque lueur d’espoir ; l’événement inattendu qui me rendait ma liberté me paraissait un heureux augure ; vous étiez libre encore ; il n’était pas impossible que vous eussiez aussi des souvenirs du passé. Je savais que vous aviez été aimée et recherchée par un homme estimé de votre famille, puisqu’on lui a donné votre sœur cadette, et que vous l’aviez refusé ; je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était sans doute par rapport à moi. À peine eus-je embrassé ma sœur en arrivant, que je ressortis avec l’espérance de vous rencontrer ; des personnes de ma connaissance m’entraînèrent dans un magasin ; en ouvrant la porte, le premier objet qui frappa mes yeux fut mon Alice ! Il est impossible que vous n’ayez pas remarqué mon trouble ; il fut tel, que je pus à peine vous adresser la parole ; mais, hélas ! je ne crus voir en vous que de l’indifférence et de la froideur. Résolu cependant de m’entretenir avec vous, je vous offris mon bras pour retourner chez votre père, il fut refusé ; vous attendiez votre cousin Elliot ; il parut, et je le reconnus à l’instant pour celui sur qui vous fîtes à Lyme une impression si vive et si soudaine ; il vous regardait toujours avec la même admiration.