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Alice sourit, en faisant de la tête un signe négatif, mais sans rien dire : cette flatterie, (si c’en était une) lui plaisait trop pour la lui reprocher. C’est toujours quelque chose de très-agréable, pour une femme de vingt-huit ans, d’entendre dire qu’elle n’a perdu aucun des attraits de sa jeunesse ; mais la valeur de cet hommage était, surtout pour Alice, dans le sentiment qui le dictait. Wentworth continua sa narration, qui ne sera peut-être intéressante que pour celle qui l’écoutait ; mais ce qui intéresse Alice doit toucher sans doute ceux qui ont appris à la connaître.

« J’avais, continua Wentworth, toutes les semaines des nouvelles de Louisa par Harville ; elles étaient toujours plus rassurantes ; je l’avais prié de m’avertir à l’instant où elle témoignerait le désir de me voir ; cet avis n’arrivait point, et j’étais loin de m’en plaindre : il me disait aussi avec quel zèle et quel intérêt Bentick la soignait, et cherchait à l’amuser et à la distraire, en lui lisant des romans et des poésies. Je ne vis là que son humanité ; son goût pour la lecture et la vie retirée d’une chambre de malade, le souvenir si récent de l’aimable Fanny Harville, me paraissaient une sauvegarde assurée. Je me trompais. Une lettre d’Harville