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mon admiration en redoublait, j’étais toujours plus convaincu de votre indifférence ; votre tendre sollicitude pour celle que j’avais paru aimer m’en semblait la preuve. Si Louisa revenait à la vie, si la préférence qu’elle avait paru m’accorder existait encore, j’étais décidé à lui consacrer mon existence, à réparer mon étourderie en soignant sa santé, qui ne se remettrait peut-être jamais ; je sentis qu’il fallait vous fuir pour qu’il me fût possible de remplir ce devoir. J’offris de ramener Henriette et Maria à Upercross, et je vous avoue que je fus consterné lorsque vous remplaçâtes cette dernière ; forcé d’être aussi près de celle que je devais quitter peut-être pour toujours, sans oser lui témoigner des sentimens qui ne pouvaient plus faire que son malheur et le mien, ce voyage devint un supplice, et je ne sais comment j’ai pu supporter tout ce qui déchira mon cœur. Je m’efforçais de m’occuper uniquement de Henriette, dont la vive douleur ajoutait encore à mes remords. Au moment d’arriver, je pris sur moi de vous questionner sur le meilleur moyen de prévenir les parens, et je trouvai une sympathie, un accord de pensées et de sentimens qui me rendait à la fois bien heureux et bien à plaindre. Je sentis