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ne pouvais aimer, quelque effort que je fisse pour m’attacher à elle. J’étais dans cette disposition d’esprit, lorsque la partie de Lyme eut lieu. Soit que vous fussiez électrisée par ce voyage, qui vous faisait plaisir, soit par une autre cause, vous n’aviez jamais paru plus à votre avantage ; vous étiez gaie, animée, parfaitement aimable, et, à mon avis, mieux de figure qu’à vingt ans. Je ne fus pas le seul qui pensa ainsi. Votre rencontre avec M. Elliot, qui jeta un regard d’admiration sur vous, me fit éprouver une impression à la fois très-douce et très-pénible. Vous le saluâtes poliment ; son extérieur parut vous plaire, et j’étais au supplice ! Je résolus alors de vous ouvrir mon cœur, de chercher à rallumer dans le vôtre une étincelle de cet amour dont vous m’assuriez naguère : l’événement affreux qui survint anéantit toutes mes résolutions, toutes mes espérances. Je passe sur cet affreux moment, où je pouvais me regarder comme la cause de la mort de cette jeune fille ; sans vous, Alice, je ne sais si j’aurais supporté cette affreuse pensée, mais vous existiez, et votre empire sur moi s’augmentait à chaque instant. Combien vous déployâtes de force d’âme, d’activité, de sensibilité ! Mais en même temps