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n’avait rien fait pour se conserver à lui ; il désira sincèrement l’oublier : l’absence, les voyages et les campagnes sur mer, lui donnèrent l’espoir d’y avoir réussi : il croyait être indifférent, parce qu’il était aigri ; mais il persiste à lui jurer que jamais il n’avait aimé qu’elle. Il avouait cependant que c’était malgré lui qu’il avait été constant, et qu’il s’était irrité quelquefois contre elle et contre lui-même de ne pouvoir l’oublier, lui préférer une autre femme ; mais toutes perdaient à la comparaison qu’il ne pouvait s’empêcher de faire. Lorsqu’il la revit à Upercross, il la trouva bien changée à son égard ; froide, silencieuse, elle semblait craindre plutôt que désirer de se rapprocher de lui, et il pensa que le moment de sa guérison était arrivé ; aidé d’ailleurs par les avances des jeunes Musgrove, il ne doutait plus d’oublier celle qu’il avait tant aimée. Oh ! combien le cœur d’Alice battit à cet aveu de Wentworth ! et pourtant sa franchise augmentait sa confiance en lui. « Cette froideur, lui dit-elle en souriant, cachait un cœur bien déchiré ; mais continuez : vous étiez donc résolu à oublier la pauvre Alice ?

— Oui, et c’est précisément ce qui n’arriva pas, dit Wentworth : la frivolité, l’étourderie,