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On l’avait menée à Charmouth ; elle s’était baignée ; elle avait été à l’église, où tout le monde l’avait regardée ; enfin elle avait passé là un temps très-agréable, et trouvait, sans oser le dire, que sa belle-sœur avait eu bien de l’esprit de se casser la tête à Lyme.

Tout cela fut raconté par Maria à sa sœur et à lady Russel avec beaucoup de volubilité, et le nom du capitaine Wentworth fut répété plus d’une fois. Pour éviter de s’étendre sur ce chapitre, qu’elle aimait et redoutait à-la-fois, Alice parla de l’intéressant capitaine Bentick, et demanda de ses nouvelles ; Maria souleva les épaules, un nuage se répandit sur son visage. « Le capitaine est très-bien, dit-elle, mais très-ridicule avec ses caprices ; on ne sait quelquefois ce qu’il veut ; nous l’avons invité à venir passer avec nous quelques jours au cottage ; il nous aurait sauvé l’ennui de la solitude, c’était au moins quelqu’un à qui parler : Charles voulait le mener à la chasse ; il avait accepté et paraissait content ; je croyais que tout était arrangé, quand tout-à-coup, la veille de notre départ, il nous fit de très-maussades excuses, et voulut rester à Lyme. « Je ne chasse jamais, dit-il, et je gênerais Charles. » Avez-vous entendu rien d’aussi ridi-