Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait donné des ailes, avant l’instant où il espère les retrouver, non, miss Alice, aucune femme au monde ne peut sentir ce qu’un mari, un père éprouve dans un tel moment ; tous les êtres chéris dont il était privé lui sont rendus à-la-fois. Oh ! que ne puis-je vous faire comprendre ce qu’un homme peut faire et supporter pour l’amour de ces êtres si nécessaires à son existence ! Vous verriez, miss Alice, qu’ils savent aimer autant et plus que les femmes : je ne parle ici que des hommes qui ont un cœur. » (En disant cela, il montrait le sien avec émotion.)

Alice était aussi très-émue ; des larmes bordaient ses paupières ; ce tableau si animé des sentimens d’un tendre époux, d’un bon père, pénétrait son âme. C’est ainsi que serait Wentworth, pensait-elle, mais jamais nous ne nous serions séparés ; ainsi que sa sœur, j’aurais partagé les dangers de mon époux. « Ah ! s’écria-t-elle enfin, si tous les hommes vous ressemblaient, mon cher capitaine, combien les femmes seraient heureuses et constantes ! Que le ciel me préserve de douter de la vraie sensibilité, de la chaleur de vos sentimens, et de supposer qu’un attachement véritable et fidèle n’existe que chez les femmes ! Oui, je crois que les