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plus naturelle aux hommes qu’aux femmes : ainsi l’a voulu la nature. Les hommes ont bien de l’avantage en faisant leur propre histoire ; ils médisent des pauvres femmes, ils osent tout dire, et les femmes n’osent répondre ; l’attaque et la défense leur sont interdites au tribunal du public : la femme assez hardie pour entrer en lice semblerait, par cela seul, mériter l’accusation : les hommes, d’ailleurs, et surtout ceux qui écrivent, ont reçu une éducation qui leur offre les moyens de persuader ce qu’ils imaginent, et qu’ils donnent pour des vérités : combien d’erreurs ont été propagées par la plume de tels écrivains ! Non, je ne vous accorde point que les livres soient une preuve contre nous.

— Alice, répondit le capitaine Harville, je consens à ne point ajouter foi aux ouvrages qui médisent des femmes, mais quelles preuves aurons-nous donc ?

— Aucune ; c’est une différence d’opinion qui n’admet pas de preuve. Nous avons tous deux sans doute un peu de prédilection pour le sexe auquel nous appartenons ; chacun de nous pourrait citer comme preuve de ce qu’il avance quelque trait de constance ou d’infidélité dont il a été le témoin ; mais outre que des cas parti-