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consenti à ce mariage, et je vous en félicite.

— Oui, oui, dit madame Musgrove, j’ai considéré tout cela ; j’ai dit à M. Musgrove : « Mon neveu mourra de chagrin, Henriette en perdra la tête, ainsi je pense qu’il vaut mieux les marier ; il y consentit, parla alors de les engager l’un à l’autre, et d’attendre pour le mariage que George eût un bénéfice ; il voulait le faire voyager en attendant, pour lui faire prendre patience ; mais c’est à cela surtout que je me suis opposée ; je déteste les longs engagemens pris à l’avance ; qu’en pensez-vous, madame Croft ? Moi, j’ai toujours protesté contre pour mes enfans. Qu’arrive-t-il ? On se sépare : l’un des deux, et c’est presque toujours l’homme, s’ennuie, aime peut-être ailleurs ; et que devient alors la pauvre fille si elle est restée fidèle ? Non, je ne voulais pas voir ma jolie Henriette victime d’une pension malheureuse, et j’ai dit à M. Musgrove qu’il valait mieux les marier. Sa sœur épouse le capitaine Bentick, ajoutai-je, voulez-vous qu’une de vos filles soit heureuse et que l’autre ne le soit pas ? Il a trouvé que j’avais raison, et tout s’est arrangé.

— Il faudrait qu’on agît toujours ainsi, dit madame Croft, on verrait plus de gens heu-