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omettre la moindre circonstance, et d’un ton de voix qu’on croit être confidentiel, et que tout le monde peut entendre. Alice n’était pour rien dans cette conversation ; elle aurait voulu parler au capitaine Harville, mais il ne s’approcha pas d’Alice : il fallut donc qu’elle écoutât patiemment le récit de maman Musgrove, qu’elle avait déjà entendu la veille.

Après avoir raconté jour par jour les pourparlers avec sa sœur Hayter et avec son beau-frère : « Nous n’y voulions pas absolument consentir, ajouta-t-elle, il nous semblait que notre Henriette, avec sa figure et sa parfaite éducation, pouvait prétendre à un meilleur parti que George, joli garçon, il est vrai, plein d’esprit et de talens, et en bon chemin pour obtenir un bénéfice, mais il ne l’a pas encore ; et donner ainsi une jeune fille au premier homme qu’elle aime ou croit aimer, il y avait là bien des choses à dire : qu’en pensez-vous, madame Croft ? »

Alice trouva un intérêt inattendu dans cette conversation qui lui rappelait le temps de son amour, où lady Russel lui disait exactement ce que madame Musgrove venait de dire ; elle attendit avec un grand battement de cœur ce que madame Croft allait répondre, et ne put s’em-