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silence, et ne cessait de se faire à elle-même cette question : Viendra-t-il ? ne viendra-t-il pas ? Tantôt il lui semblait qu’il ne pouvait honnêtement s’en dispenser, et tantôt qu’il ne devait pas paraître à cette réunion ; il lui semblait que le sort de sa vie dépendait de la soirée du lendemain.

Pour se distraire de cette pensée continuelle, et pour dire quelque chose, elle voulut plaisanter madame Clay sur sa promenade avec M. Elliot trois heures après qu’on le croyait parti. Elle avait attendu en vain que madame Clay le dît elle-même ; on avait parlé plusieurs fois du cher cousin Elliot, de l’espoir qu’il reviendrait pour la soirée ; madame Clay avait gardé le silence sur leur entrevue. Alice alors se détermina à parler, et, dès les premiers mots, elle vit un embarras extrême sur le visage de celle à qui elle s’adressait ; mais ce ne fut qu’un éclair, elle se remit aussitôt, et s’écria avec l’air le plus naturel :

« Ah ! oui, c’est vrai ; figurez-vous, miss Elisabeth, ma surprise de rencontrer M. Elliot ! Je n’ai jamais été plus étonnée ! Il m’a abordée et s’est promené avec moi près des bains ; quelque chose avait retardé son départ, mais je ne sais ce que c’est. Il m’a chargée de vous dire