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le salon. Alice se sentit oppressée, et voyait que chacun éprouvait la même impression : la cordialité, la franchise, la gaîté, avaient disparu au moment de cette arrivée, et furent remplacées par une cérémonie glacée, un dédain affecté, un long silence. Oh ! combien il était pénible pour Alice que ce fussent son père et sa sœur ! Elle eut cependant un plaisir inattendu ; le capitaine Wentworth fut reconnu et salué de tous deux. Elisabeth surtout mit beaucoup de grâce dans ce salut : elle lui adressa une fois la parole, et le regarda souvent avec un air de complaisance ; puis elle fit un mouvement qui semblait indiquer qu’elle prenait tout-à-coup une grande résolution. Après quelques minutes employées en fastidieux complimens, elle commença avec un ton de dignité à faire elle-même ses invitations, quoique, dit-elle, Maria eût déjà dû les faire pour le lendemain. C’était un petit rassemblement de parens et d’amis particuliers, une soirée sans cérémonie ; tout cela fut dit en ouvrant un élégant étui plein de cartes qu’elle avait préparées, pour suivre la mode du jour. Au milieu d’une belle vignette frappée, on lisait, si l’on pouvait, écrits en pieds de mouche avec une fine plume de corbeau, ces mots