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de ces deux impressions va-t-elle éprouver ? Wentworth s’approchera-t-il d’elle, ou la fuira-t-il encore ? Elle le suit des yeux, mais elle voit dans les siens que sa fausse persuasion l’occupe encore ; il l’a vue, et l’a saluée de loin avec cérémonie ; elle lui trouve l’air triste et soucieux, mais il recherche point à l’approcher et à lui parler.

Elle s’efforce de paraître calme, de laisser au temps à décider de son sort, et se fait à elle-même ce raisonnement, qui la console : si l’attachement que nous avons eu l’un pour l’autre a laissé dans son cœur des racines aussi profondes que dans le mien, nous finirons par nous entendre ; nous ne sommes plus dans l’âge où les passions irritables ne se laissent pas gouverner, et nous font jouer notre propre bonheur : plus tranquille, sans être moins tendre, Frederich verra que sa fidèle Alice n’a jamais aimé que lui. Mais à peine cette idée l’a-t-elle un peu tranquillisée, qu’elle sent qu’être ensemble sans pouvoir s’expliquer les expose tous deux à des choses pénibles qui peuvent confirmer Wentworth dans sa fausse opinion.

« Alice ! s’écria Maria, qui n’avait pas quitté la fenêtre, venez ! N’est-ce pas madame Clay, là sous la colonnade ? Oh ! oui, je suis