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C’est un brave homme, et je ne m’en prends pas à lui du changement de Louisa : c’est sa maudite chute qui l’a rendue morose ; quand on voit la mort de si près, adieu la gaîté. »

Il fut interrompu par la voix aigre de Maria, qui l’appelait pour lui faire admirer les glaces et les porcelaines du salon ; mais Alice en avait assez entendu pour connaître l’état actuel d’Upercross, et se réjouir du bonheur de cette estimable famille, renfermant, ce qui est très-rare, des parens sans autre ambition que de rendre leurs enfans heureux ; deux jeunes filles libres de donner leur main à l’homme à qui elles ont donné leur cœur, au seul qu’elles aient aimé : car elle était persuadée que Louisa n’avait jamais aimé Wentworth que par la petite vanité d’une première conquête. Le changement de ses goûts, sa facilité à prendre tous ceux de Bentick, prouvaient que lui seul avait touché son cœur ; s’il échappa un soupir à Alice en pensant au bonheur de ses jeunes amies, il ne s’y mêlait aucun sentiment d’envie.

La visite des Musgrove à Camben-Place se passa très-bien : des deux côtés on fut de très-bonne humeur ; Maria était fort enjouée, ce qui lui seyait mieux que son mécontentement ordinaire. Sir Walter lui fit compliment sur