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ne danse plus : pauvre Louisa ! quelle différence ! Vous savez bien quel bruit elle faisait ? Eh bien ! à présent si j’ouvre la porte un peu fort, comme vous savez que c’est mon habitude, ma sœur tressaille, et paraît prête à se trouver mal. Bentick est toujours à côté d’elle ; il lui récite des vers, ou lui parle à demi-voix toute la journée : comprenez-vous que cela n’ennuie point Louisa ? Elle était plus gentille avec le capitaine Wentworth. Comme ils riaient de bon cœur tous les deux ! C’est celui-là que je lui aurais souhaité pour mari ; toujours gai, toujours de bonne humeur, il l’aurait maintenue ainsi : ah ! combien je le regrette !

— Et pensez-vous que Louisa le regrette aussi ? dit Alice en hésitant.

— Elle ? Oh ! pas du tout ; elle ne changerait pas son Bentick contre mille Wentworth. Je ne suis pas assez égoïste pour vouloir que chacun ait les mêmes plaisirs que moi ; il aime à lire, et moi à chasser, à la bonne heure ! Ses livres n’empêchent pas qu’il ne se batte aussi bien qu’il lit ; et quand je tue des lièvres ou des renards sans le moindre risque, il défend son vaisseau et sa vie contre nos ennemis.