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ses soupçons ; mais elle se le serait reproché comme une injustice ; tandis qu’elle croit remplir un devoir.

M. Elliot s’aperçut bientôt du changement de sa cousine, mais ne s’en inquiéta pas ; il était sûr de la ramener bientôt par l’attrait de la curiosité ; il croyait avoir découvert, la veille, qu’elle était très-curieuse, et enchanté de connaître son côté faible, il se promit d’en tirer parti. Les vives sollicitations d’Alice pour savoir qui lui avait fait son éloge ne pouvaient avoir une autre cause ; il lui en parla encore, et lui laissa même entrevoir qu’il nommerait la personne s’il en était encore pressé par celle à qui il ne pouvait rien refuser. Il s’attendait à des questions multipliées, mais le charme était rompu ; Alice savait à présent aussi bien que lui ce nom qui le couvrait de honte, et qu’elle ne voulait pas entendre de sa bouche avant de pouvoir le confondre. Plus froide qu’elle n’avait été pressante la veille, elle ne répondit presque rien, et parut avoir oublié et son éloge et celui qui le lui avait répété. Mais la vanité de M. Elliot ne se laissait pas déranger pour si peu de chose, il ne s’en inquiéta nullement : si sa cousine n’était plus curieuse, elle était du moins à coup sûr très-capricieuse ;