Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’était permis… ; mais ce serait indiscret peut-être. » Votre cruelle sœur, miss Alice, faisait la sourde oreille à ses tendres supplications ; enfin j’ai fait un signe, et elle s’est laissée fléchir : avec quel empressement il a accepté !

— Oh ! s’écria la dédaigneuse Elisabeth, ce n’est pas tout-à-fait pour lui ; mais quand il a témoigné un regret si vif de n’avoir pas rencontré mon père ce matin, il m’a touchée, et je n’ai su résister au désir de les voir ensemble : chacun d’eux paraît si fort à son avantage ! Mon père estime M. Elliot, fait le plus grand cas de sa franchise et de sa probité ; et M. Elliot a pour sir Walter un respect si profond, qu’il s’oublie entièrement quand il s’agit d’obliger son digne et cher parent.

— Oui, c’est tout-à-fait délicieux ! s’écria madame Clay, en n’osant pas regarder Alice ; ils sont exactement comme un père et un fils. Chère miss Elisabeth ! pourquoi rougissez-vous ? Ne puis-je pas dire un père et un fils, et n’est-ce pas vrai ?

— Je ne puis, ma chère Pénélope, répondit Elisabeth, diriger ou changer vos idées ; mais je vous assure que je ne m’aperçois pas qu’il ait plus d’attentions pour moi que tous les autres hommes que nous voyons dans la société.