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ment que le mariage d’Alice et de M. Elliot était conclu, elle avait espéré d’obtenir quelque chose par ce moyen. Mais les obstacles qu’Alice apportait à cet engagement changèrent la face des choses ; elle perdait l’espoir de recouvrer une partie de sa fortune ; mais elle ne songea pas à la regretter, et fut heureuse de ce que sa chère Alice n’épousait point M. Elliot, qu’elle venait de lui faire connaître. C’est ce qu’elle répondit à son amie, qui lui reprochait avec douceur d’avoir parlé avantageusement de M. Elliot au commencement de leur entretien.

« Rappelez-vous mes éloges, lui dit madame Smith ; je ne vous ai parlé que de sa figure et de son esprit ; je regardais votre mariage avec lui comme certain ; je ne devais pas plus vous parler contre lui que s’il eut déjà été votre propre mari. Mon cœur saignait pour vous quand je vous parlais de bonheur ; cependant j’osais croire qu’avec une femme telle que vous il y avait encore de l’espoir. Il était impossible qu’en vivant près d’Alice il ne sentît enfin l’empire, le charme de la vertu ; déjà il avait su vous apprécier et vous aimer. Sa première femme, quoiqu’elle eût reçu une éducation passable, se ressentait de son extraction ; elle ne