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tait, qu’elle était surprise de son calme habituel.

Dans ce qu’elle racontait se trouva naturellement ce que la veuve voulait obtenir de M. Elliot par l’influence d’Alice, et c’était ce qui lui donnait le plus d’irritation. Elle avait de fortes raisons pour croire qu’une propriété que M. Smith avait dans les Indes orientales, mise en séquestre lors de ses embarras d’argent, devait être libérée ; et cette propriété, sans être considérable, suffisait pour la faire vivre commodément ; mais elle ne savait qui employer dans un pays si éloigné. M. Elliot ne voulait l’aider en rien, et ne répondait plus même à ses lettres. Que pouvait-elle par elle-même ? Son état de maladie l’empêchait d’agir, et l’argent lui manquait pour remettre ses intérêts à des gens de loi. Madame Smith n’avait aucun parent pour l’assister de ses conseils. La profonde retraite où elle avait vécu depuis la mort de son mari, sa pauvreté, ne lui avaient pas permis d’avoir des amis dévoués ; et le seul qui aurait dû l’être s’y refusait impitoyablement. C’était un surcroît à sa misère de sentir qu’elle pourrait être à son aise, si on se donnait pour cela la moindre peine, et de craindre encore que le temps qui s’écoulait n’anéantît ses droits ; cet état était trop dur à supporter ! Croyant ferme-