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sir Walter et madame Clay ; il ne quitta plus votre maison ; il y entrait à toutes les heures sans se faire annoncer. Mais qu’est-il besoin d’entrer dans plus de détails ? Vous pouvez imaginer tout ce qu’un homme profondément artificieux et intéressé peut faire, et vous rappeler à présent ce dont vous avez été témoin : vous avez ajouté un nouveau motif à ses visites ; mais le premier subsiste encore, il ne le perdra pas de vue qu’il n’ait réussi dans ses projets.

— J’avoue, dit Alice, que vous ne m’avez rien dit qui ne s’accorde avec ce que j’ai déjà pensé. Je craindrais beaucoup sans doute de voir madame Clay remplacer mon excellente et digne mère, et par d’autres motifs que l’intérêt propre ; je suis donc d’accord avec M. Elliot pour désirer d’éloigner cette femme, mais il faut s’en tenir au désir de la séparer de sir Walter. Il y a quelque chose de révoltant dans les manœuvres de M. Elliot ; sa trahison, sa duplicité, son égoïsme… Je me rappelle, en effet, ses attentions recherchées pour cette même femme qu’il hait et méprise, car il me l’a dit à moi-même ; ses politesses pour elle ont sans doute pour but de pénétrer ses secrètes pensées, de savoir où elle en est, afin de la