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réconcilié avec mon père ; il venait chez sir Walter long-temps avant mon arrivée à Bath, et il ne me connaissait pas : vous voyez donc, ma chère madame Smith, que ses sentimens actuels ne peuvent m’expliquer le passé.

— Je sais fort bien ce que vous dites là, mais…

— En vérité, interrompit Alice, vous ne pensez pas que je croie implicitement ce que vous avez appris de cette manière ; les faits, les opinions, les propos qui passent par tant de bouches, sont toujours altérés par l’étourderie de l’une, par l’ignorance de l’autre, par la prévention d’une troisième, et la ligne droite de la vérité dévie souvent lorsque tant de personnes se mêlent de la tracer.

— Je vous supplie seulement de m’entendre, dit madame Smith vivement ; vous douterez après de tout ce que vous voudrez. Personne ne suppose que c’est pour vous qu’il est venu à Bath, qu’il s’est réconcilié avec votre père ; il vous avait vue, il est vrai, une fois, et vous avait admirée, sans savoir qui vous étiez : est-ce vrai cela ? Mon historienne est-elle encore mal instruite ? Vous a-t-il vue quelque part cet automne sans se douter que c’était vous ? — Oui, à Lyme, où le hasard nous fit