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boucher et la fille d’un marchand de bœufs ? Je crois qu’alors le noble sang Elliot se serait révolté ; mais il est vrai qu’elle était belle. Elle avait été fort bien élevée ; son père, n’ayant que cette fille, ne négligea rien pour son éducation, dans l’espoir de la marier dans une classe plus relevée. M. Elliot, l’ayant appris, chercha les occasions de la voir, de lui faire la cour ; il réussit bientôt à s’en faire aimer passionnément, et ne trouva nulle difficulté à obtenir sa main. L’espoir de voir un jour sa fille lady Elliot fit passer le père sur la pauvreté de son gendre. Celui-ci, avant de s’engager, eut soin de s’assurer que la dot et la fortune étaient assez considérables pour le faire passer sur la naissance. Il me paraît qu’il a changé d’idée à présent, et qu’il attache plus de prix à la noblesse et au titre de baronnet qu’il ne le faisait alors ; je lui ai souvent entendu dire que, s’il pouvait vendre sa baronnie future, armes, devises et livrée pour cinquante guinées, il n’hésiterait pas à y renoncer. Mais je ne veux pas vous répéter tout ce que j’ai entendu sur ce sujet, j’aime mieux vous donner la preuve que mes assertions sont vraies.

— Je n’en doute pas, dit Alice ; vous ne m’avez rien dit de contradictoire à l’opinion