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de la mode, d’une table recherchée et de tous les plaisirs ruineux, je trouvais très-naturel que notre ami Elliot désirât pouvoir mener la même vie. Je pense à présent bien différemment, le temps, les maladies, le malheur, m’ont donné, grâce au ciel, d’autres notions ; mais il faut que j’avoue que je ne vis rien de répréhensible dans le mariage de M. Elliot : sa femme était immensément riche, jolie, bien élevée.

— Mais n’était-elle pas d’une basse naissance ?

— Oui. Je lui représentai sa mésalliance, le chagrin de sa famille, il en rit, et me dit que l’argent était le plus beau titre de noblesse et le seul dont il fit cas : un coffre bien rempli valait beaucoup plus à ses yeux que de vieux parchemins, et la colère de sir Walter et l’indignation de la fière Elisabeth l’amusaient extrêmement.

— Ils furent en effet très-indignés, dit Alice, et je ne croyais pas qu’on pût jamais lui pardonner ; mais le colonel Wallis a présenté cette union sous un jour si favorable, que mon père l’a presque approuvée.

— Vraiment ! Il n’a pas dit, sans doute que madame Elliot était la petite-fille d’un