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mari, et il s’appelait Elliot, comme ma chère Alice, que j’avais laissée à Bath avec tant de regret ; il me semblait qu’en étant l’amie de votre cousin je ne vous avais pas perdue : je puis vous assurer que ce nom chéri voilait ses défauts à mes yeux, et prolongeait ma prévention en sa faveur. »

Alice serra la main de son amie avec un air d’émotion et de surprise. — Je vois dans vos yeux ce que vous pensez, chère Alice ; vous avez dû vous croire oubliée d’une personne qui ne vous écrivait jamais, et, je vous le jure, vous étiez toujours présente à mes pensées : j’eus d’abord la crainte que mes lettres ne fussent lues par lady Russel, qui s’était emparée de vous ; puis le torrent du monde et de la dissipation m’entraîna pendant quelques années ; vint ensuite l’époque de nos malheurs, dont je n’aurais pas voulu vous instruire ; mais enfin je vous ai retrouvée, et croyez que je n’ai jamais oublié ma jeune amie. J’écoutais M. Elliot avec le plus grand plaisir quand il me parlait de la belle et fière Elisabeth ; car je pensais alors à ma jolie et douce Alice.

— Peut-être, s’écria cette dernière, frappée tout-à-coup d’une idée, peut-être avez-vous parlé quelquefois de moi à M. Elliot ? — Sou-