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pari pour ou contre, suivant ce qu’il avait appris. M. Smith acceptait toujours ; outre qu’il aimait à parier, il se disait : « Si Elliot gagne dix ou douze guinées, cela n’est rien pour moi et beaucoup pour lui ; et s’il perd, nous l’ajouterons à ce qu’il me doit déjà. » Insensiblement l’argent de mon mari passait dans la poche de M. Elliot.

— Pardon si je vous interromps ! dit Alice, qui écoutait à peine ce qui lui causait un chagrin réel ; le temps dont vous parlez doit être, ce me semble, à-peu-près celui où M. Elliot fit la connaissance de mon père et de ma sœur ? Je ne l’ai point connu moi-même alors ; mais j’ai souvent entendu sir Walter et Elisabeth parler de lui en bien d’abord, et puis en mal. Il est sûr qu’il y a eu quelque chose de singulier dans sa conduite envers eux, et dans les circonstances de son mariage, que je ne puis concilier avec sa conduite actuelle ; il semble que ce soient deux êtres complètement différens.

— Non, non, c’est toujours le même, agissant autrement qu’il ne pense, et n’ayant que des vues intéressées : je sais tout, je vous dirai tout. Il avait été présenté à sir Walter et à miss Elisabeth avant que je le connusse, mais il