Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

coup plus aimable ; mon mari ne pouvait se passer de lui, et nous étions tous les jours ensemble.

» Nous vivions à Londres sur le plus haut ton ; M. Smith était riche, aimait le monde, le plaisir, et tenait une très-bonne maison. M. Elliot n’était pas dans des circonstances aussi heureuses : il était pauvre, habitait une petite chambre au Temple, où il étudiait le droit, et il aurait eu peine à soutenir l’apparence d’un bon gentilhomme, s’il n’avait pas eu les secours de son ami. Mon Charles avait le cœur le plus sensible et le plus généreux ; sa maison, sa table, sa bourse, étaient à son ami comme à lui ; il aurait partagé avec M. Elliot jusqu’à son dernier schelling, et je sais qu’il lui a avancé des sommes considérables, qui n’ont jamais été remboursées. Comme il ne prenait avec M. Smith aucune précaution, il a été facile à M. Elliot de les garder. Il avait aussi une adresse singulière, que nous appelions du bonheur : dès qu’il courait un bruit, une nouvelle, il n’épargnait ni soins ni démarches pour découvrir ce qu’il y avait de vrai ou de faux ; quand il était à-peu-près sûr de son fait, il trouvait le moyen de se faire apprendre la chose ou par son ami ou devant lui, et lui proposait alors un